Albert KAMDEM

En fait, c’est quoi l’amour ?

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De nature, beaucoup de personnes parlent d’amour sans en saisir la quintessence. Les parents préfèrent s’en méfier sans se rendre compte que l’amour contribue à rendre leur enfant meilleur.

Avez-vous déjà aimé ? Alors vous comprendrez que cette grande force qui vous dirige n’est pas le fait d’une admiration, mais celle d’une aspiration : en l’être aimé vous voyez quelque chose que vous cherchiez, quelque chose à laquelle vous aspirez; ce peut être la stabilité, la maternité, une oreille attentive, un refuge, la sécurité ou tout autre chose qu’au fond de votre être vous cherchiez en vain. Quand bien même vous aurez tout obtenu des autres, vous ne serez pas satisfait, car personne ne peut vous procurer ce que vous recherchez, puisque ce n’est qu’une aspiration, un souhait, une prière.

Hélas, il arrive souvent que cet amour ne soit pas réciproque ou qu’il soit destructeur, alors, on cherche à l’éradiquer. Cet amour qui meurt et ressuscite, chercher à le résister, à détester l’être aimé ou à le remplacer contre vents et marées c’est se détruire à petit feu, se voiler la face, se mettre le doigt dans l’œil. Le plus puissant des remèdes contre l’amour c’est d’aimer, c’est de faire du bien, être généreux, non pas envers l’être aimé seulement, auquel cas on désespérerait s’il n’y prête aucune attention, mais envers tous : car, cet amour si fort, si vrai, c’est une aspiration et à force de la partager, la somme des gratitudes pourra finir par vous combler, par combler vos aspirations. Regardez-les se disputer à toutes les rencontres, pourtant ils s’aiment, l’un ne vit que par l’autre, mais il est sa première source de malheur : ce n’est rien d’autre que la frustration qu’ils éprouvent face au fait qu’ils sont ensemble, ils ne se sentent pas comblés, satisfaits. Ils n’ont en fait  qu’une aspiration, l’autre n’étant que le symbole, et non uniquement la source de satisfaction. Ceux qui n’ont pas compris cela se pavanent de conquête à conquête, dans le vœu secret et surtout inconscient de satisfaire cette immortelle aspiration. Peut-on saisir le ciel ? Non, mais s’il est vrai que l’amour est comparable au ciel, il est autant vrai que l’amour n’est pas le ciel, et là où repose leur différence, là aussi repose la faisabilité d’une vie amoureuse harmonieuse.
Alors, cessez de réfléchir, aimez ! Le temps fera le reste.


Je suis Camerounais, je voyage en première classe !

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Nos transports le prouvent : le Cameroun nous a habitué à la galère… et aux espoirs.

De la gare routière de Yassa, je n’ai qu’une idée : partir. Je me faufile au milieu des voitures maladroitement garées, question de trouver celles qui sont prêtes à se mettre en route quand un motoboy retient mon bras : « Edéa ? Oui, une place disponible. » Je suis devant un taxi de cinq places. A travers la vitre sale, je peux voir trois personnes respectivement assises à la cabine et derrière. Je connais la règle : quatre personnes devant, quatre derrière. Mais ça doit vraiment être insupportable avec les fortes chaleurs…

J’entre.

Comme je pouvais m’y attendre, la vie n’est pas du tout rose dans ce taxi ; l’air chaud a une haute teneur en « gaz rares ». Je suis un peu nerveux. Mais, malgré l’ambiance morose, je ne doute pas que je serais à destination dans une heure. Je suis un éternel partisan de l’optimisme. Vous doutez ? Franchement, si huit personnes peuvent voyager sans souci dans un taxi de cinq places, c’est que tout est possible, non ?

Le motoboy frappe bruyamment la portière, question de s’assurer qu’elle est bien fermée. Les taches sont bien réparties : le chauffeur s’occupe du volant et des pédales tandis que le motoboy exécute de ses deux mains, la délicate manœuvre du levier de vitesse mal huilé jouxtant fatalement ses testicules. Ça doit parfois faire mal…

Vroom ! Nous voilà en route. J’essaie vainement de changer de position, mais ne n’énerve pas. On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie, me dis-je avec philosophie. Je ferme les yeux et récite en silence le Notre Père afin que vigilance soit donnée à nos deux pilotes pour qu’ils puissent nous conduire à bon port sans incident. L’état des routes fait souvent plus de victimes que la maladresses des conducteurs chez nous autres… Après à peine cinq kilomètres de route, nous sommes alertés par trois policiers pour un contrôle routier de routine. L’un d’eux s’approche, et, sans dire mot, tend sa main à travers la vitre comme un mendiant, ceci sans nous jeter un coup d’œil. Le chauffeur lui remet un billet froissé de 1.000 frsCFA. Il vient de payer son autorisation pour transporter des êtres humains comme des marchandises. Tout a un prix ici. La mort elle-même en a  un.  Le chauffeur redémarre le moteur et le cercueil roulant fonce à vive allure vers Edéa… C’est ça le quotidien au Cameroun où la vie et la mort, les rêves et les illusions, se côtoient fatalement sous le regard indifférent d’un système mécaniquement inapte à faire face à la moindre difficulté.  La conséquence ? Un immobilisme de qualité, une stagnation dangereuse débouchant insidieusement, mais surement, sur une pente glissante, un chaos total ! Que feront-ils à ce moment-là ? Ils vous donneront une autre fausse promesse, l’énième.

L’émergence ne sera pas le prochain mensonge !

Non !

Les Camerounais sont habitués aux vertiges des désillusions. La soudaine chute libre des hautes altitudes de l’espérance ne leur fait plus peur, aguerris qu’ils sont par des siècles de galère. Les Camerounais ne rêvent plus, on veut leur prêter des rêves ; ils ne croient plus, on veut leur donner une foi : l’émergence ! C’est un puissant dogme politique : « L’affaire là ? Croyez seulement ! »

Notre émergence, la vraie, passera, je le crois sincèrement, par une remise en question et un changement radical des mentalités sans oublier le travail. Le Camerounais devra vaincre ses vieux démons, lui-même étant son propre ennemi, l’obstacle qui le sépare de l’objectif rêvé. L’émergence individuelle étant la promesse d’une émergence collective, qu’est-ce qui est fait pour encourager et soutenir l’effort individuel et par ricochet l’effort camerounais ? Pas grand chose. On nous dit juste qu’on construira des routes et des gratte-ciels, et boum ! Nous serons émergents. Je crois que s’il en était vraiment ainsi, il y aurait des quartiers émergents dans notre république…