« On vous tuera tous ! »

12 juillet 2015

« On vous tuera tous ! »

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image libre de droit. pixabay.com

Dimanche 5 juillet 2015, marché PK 12. Les habitants des quartiers environnants ont découvert de bonne heure le corps calciné d’un adulte. A le voir recroquevillé sur les restes de pneus brûlés, on devine aisément qu’il a eu une mort atroce, inhumaine. Tout autour, les gens se bousculent et se piétinent pour se frayer un passage vers la dépouille. « On vous tuera tous !, lance un homme en colère. Tu iras en enfer petit bandit ! Vous nous faites beaucoup de mal dans ce quartier. »

Un homme âgé, s’étant approché du cadavre, s’adresse à la foule : « J’étais là hier lors de son exécution ! Il a été arrêté après un vol qui a mal tourné. Papa Docta –pharmacien autoproclamé du coin – avouait avoir été agressé et blessé au couteau par ce malfrat. Ce pickpocket regrettait, implorait et pleurait. Larmes de crocodile. Tout à coup, la foule cria : « au feu ! Au feu ! » Malchance pour lui, nous nous trouvions exactement à côté de ce dépôt de pneus usés. Quelques gouttes d’essence plus tard, le feu s’enflammait en dégageant une grande chaleur si bien que la foule se recula pour mieux voir le spectacle. Pieds et mains liés il s’agitait et hurlait sur l’épaisse couche de pneu en feu. On dirait un damné dans les flammes de l’enfer. C’était horrible, mais c’était beau, parce que ça servira de leçon aux enfants de ce quartier. »

Sur ces mots, la police arrive. Après quelques interrogations, la dépouille est emportée. Il est très dangereux d’avoir des pulsions cleptomanes dans nos contrées, en pareil cas, c’est la foule qui décide de votre sort. Combien de fois ma mère m’a dit qu’un homme devrait travailler dur pour réussir, car tout voleur est destiné à mourir sur la place publique… Combien de fois ?

En outre, au cœur de ce phénomène, la police camerounaise souffre d’un préjugé défavorable et bien ancré dans les esprits. Considérée comme hautement corrompue, elle est accusée de libérer tous les malfrats mis en examen contre de fortes sommes d’argent, ce qui maintient les populations dans une permanente insécurité. D’une telle scène d’horreur, ne restera désormais qu’un silence pesant autour de cette affaire mystérieuse. Il aurait pu être innocent ou accusé injustement. Il avait le droit d’être jugé, traité comme un homme. Mais il n’est plus là.

Daves.

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Commentaires

Guy Muyembe
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Voici donc un exemple type d'une défailance de nos États.

Emile Bela
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Tu as dis justice populaire? Attends-moi, je sors vomir...